Détermination et rage de réussite
Dominique Nadia, une chanteuse de chez-nous qui a la francophonie à cœur

Qui d’entre-vous n’avez pas fredonné un jour en entendant sur les ondes de radios francophones les pièces Petits bonheurs, C’est ma prière et Tu n’es plus là? Ces chansons appartiennent toutes à la même auteure et interprète Dominique Nadia. Dans le cadre de son passage pour la fête du Canada à Cornwall, Le Journal l’a rencontré.

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Originaire de Cornwall, l’artiste multi talent Dominique Nadia, qui crève présentement les palmarès avec les titres de son premier album Éclats de vie était plus que contente de faire un spectacle à Cornwall surtout pour la fête du Canada. « Je me souviens quand j’étais jeune et que je jouais dans le parc Lamoureux, je m’étais dit un jour que je chanterais sur cette grande scène et je le ferai en français », lance cette dernière. Quelques années plus tard, la petite fille du coin devenu grande a réalisé son rêve de chanter chez elle devant les gens qui l’ont vu grandir.

« On peut dire que c’était vraiment spécial, les gens connaissaient mes chansons et fredonnaient avec moi. Y’ a-t-il plus belle marque d’affection pour une artiste que de revenir chanter en pays de connaissance et de voir les gens chanter avec elle? Personnellement, je ne crois pas», de dire Dominique Nadia.

Percer dans ce monde souvent ingrat et emprunt de jalousie n’a pas été une sinécure pour la jeune artiste, surtout en français. Confrontée très jeune au phénomène des langues qui prévaut dans une ville à majorité anglophone, comme Cornwall, la jeune Dominique prend très tôt le parti de vivre en français malgré le fait que la plupart de ses amies s’expriment plus dans le langage de Shakespeare au lieu de celui de Molière. Étudiante à La Citadelle, l’artiste en devenir répond toujours en français quand on l’interroge. « Ce n’est pas que je ne suis pas capable de parler anglais, au contraire, je peux m’exprimer dans les deux langues assez facilement mais très tôt, j’ai fait le choix de vivre en français », explique-t-elle avec des trémolos dans la voix.

Enfance et débuts difficiles
Quand on lui parle de ses débuts, de sa famille et de son enfance, Dominique Nadia exprime un soupir et enchaîne : « moi j’ai été très vite baignée dans le domaine du spectacle. Mon père étant à ce moment directeur du Conseil de vie, il avait la charge de faire venir des artistes à Cornwall. On peut dire que c’est là que j’ai fait mes premiers contacts avec le monde du showbiz, si je peux m’exprimer ainsi. »

C’est à la suite d’entrevues qu’elle réalise avec Lynda Lemay et Mitsou Gélinas qu’elle prend vraiment conscience que ce milieu l’intéresse au plus au point. Dotée d’une facilité pour l’écriture et le théâtre, la jeune Dominique Nadia commence à écrire des chansons pour les autres et à jouer dans des pièces de théâtre. « Il est clair dès ce moment que je ferais un métier qui me mènerait un jour sur les scènes. Mais comme ce monde est souvent incertain et parfois pernicieux, j’ai dû m’orienter vers des études supérieures qui m’ont permis de travailler au gouvernement fédéral en relations de travail. C’est le côté sécurité que je me suis donnée pour contrebalancer les incertitudes du monde du spectacle », clarifie la chanteuse.

Questionnée sur la réaction de ses parents quand elle leur a annoncé qu,elle voulait faire carrière dans ce domaine, Dominique Nadia mentionne qu’elle n’a pas vraiment reçu d’encouragement de ses parents. « Au contraire, ils souhaitaient que je poursuive des études en éducation. Pour eux le monde du spectacle n’était pas vraiment accessible et je ne cadrais pas dans ce milieu. Au début ça m’a bouleversé mais maintenant je comprends qu’ils voulaient me protéger des embûchent et des désillusions de ce métier. Donc, pour faire plaisir à mes parents, j’ai opté pour la voie la plus sûre et terminé mes études. Ce n’est qu’une fois enceinte que le goût du spectacle a refait surface et depuis je n’en démords pas. », affirme-t-elle.

Pour ce qui est de ses débuts dans le monde de la chanson et celui de la mode ce ne fût pas une sinécure car comme ses parents, personne ne la voyait dans un médium comme dans l’autre. Pour être vraiment entré dans le monde ultra privilégié de la mode il fallait faire partie d’une agence reconnue ou encore faire ce qu’une fille a à faire pour se faire accepter… « Comme je ne mangeais pas de ce pain-là, j’ai été boudé. Mes débuts dans le monde de la chanson ne furent pas plus encourageants. Je me souviens d’une critique de la part d’un journaliste étudiant à l’Université. D’après ce dernier, mes chansons, ma voix et ma présence sur scène étaient tellement mauvaises et insipides que je devais orienter ma carrière ailleurs. Ce fût l’élément déclencheur qui me poussa à aller plus loin. J’ai découvert par la suite qu’une critique n’est pas la fin du monde. »

Francophonie, spectacle et avenir
Comme dit précédemment, Dominique Nadia est venu chanter en français lors de la fête du Canada à Cornwall. Connaissant le dilemme de la langue qui prévaut dans la ville, on ne peut qu’être épaté par une telle action. Oui, elle est originaire de la ville et le spectacle était composé de bénévoles. Mais de réussir à imposer le français dans une fête typiquement anglophone, il faut avoir un certain désir de réussir et c’est ce qui habite Dominique Nadia depuis son enfance et maintenant dans le monde du spectacle.

Interrogée sur ses projets d’avenir, la petite fille du coin devenue grande prépare la sortie d’un nouveau disque compact pour la période des fêtes intitulé Noël à gogo. « J’ai toujours été attirée par le son des années 60. De plus, comme j’aime bien la période des fêtes et les pièces que l’on y entend mais que je trouve qu’il manque de variétés, j’ai décidé de composer avec mon compagnon de vie et d’enregistrer des pièces de Noël qui ne jouent jamais à la radio. Ces morceaux sont aussi beaux les uns que les autres mais ils sont nouveaux ou moins connus de la population. J’ai donc fait une recherche et j’ai retracé 16 titres que j’aimerais bien faire. De ce nombre, je vais en retenir environ 10 que je graverai sur mon nouveau cd» explique-t-elle.

Quand on demande à Dominique Nadia un conseil pour les jeunes, elle dit sans l’ombre de l’espace dune seconde « Si vous voulez faire ce métier, ne pensez pas à la gloire. Restez vous-même et armez-vous contre les platitudes que vous entendrez à droite et à gauche. Je n’ai rien contre les concours comme Star Académie ou Canadian Idol, mais le monde du spectacle est plus complexe que cela. Les stars du moment ne sont pas celles qui seront là dans 5 ans alors si vous voulez faire carrière, forgez votre caractère, travaillez beaucoup et surtout ne jamais délaisser vos racines. Le temps se chargera de faire le reste » conclut cette dernière.